lundi 13 juillet 2015

L’histoire du pouvoir "psy" après Foucault

Faire l’histoire du pouvoir "psy" après Foucault 

Appel à contribution


Les travaux sur les disciplines psychiques se rangent en deux catégories : les démarches critiques du pouvoir « psy* » (psychiatrie, psychanalyse, psychologie, psychothérapie) d’une part, contre les approches bienveillantes à l’égard de ce pouvoir, soit par une défense délibérée, comme Marcel Gauchet par exemple, soit simplement en évitant d’évoquer les dimensions politiques des pratiques et des discours psy. La tradition critique se donne comme pères fondateurs — il n’y a que des hommes — des chercheurs tels que Erving Goffman, Robert Castel, et bien sûr Michel Foucault. Elle est liée à des mouvements sociaux qui contestent le pouvoir psychiatrique, que l’on qualifie souvent d’ « antipsychiatriques », notamment des mouvements de personnes psychiatrisées, mais qui compte aussi des psys célèbres comme Franco Basaglia, Ronald D. Laing, David Cooper ou Thomas Szasz. Cette première vague critique s’en prend principalement à la psychiatrie comme « régime disciplinaire » (Foucault), à l’asile comme « institution totalitaire » (Goffman) ou au « mythe de la maladie mentale » comme prétexte d’un contrôle étatique politique (Szasz).

Cette histoire du « complexe psy » se conjugue souvent avec une conception foucaldienne du pouvoir relevant moins d’une oppression matérielle que d’une forme d’« aliénation mentale » que produirait le discours psychologique en offrant des catégories de pensée sous la forme d’un langage pour « dire le sujet ». Les sociétés occidentales, en particulier, seraient ainsi devenues des « sociétés thérapeutiques » dominées par cette grille d’analyse. Par ailleurs, on voit se multiplier des travaux qui s’intéressent à ce qui est nommée la « psychologisation » de phénomènes sociaux. Bien souvent, ces travaux envisagent les pratiques psychologiques, notamment psychothérapeutiques, en suivant Foucault, comme autant de « dispositifs de pouvoir », de perfectionnement de « technologies du soi », qui ne laissent aucune possibilité de concevoir une transformation des rapports de pouvoir dans ces institutions psy. Il semble au contraire nécessaire de pouvoir faire une histoire des pratiques et discours psy qui prennent en compte non seulement les rapports de pouvoir, mais également un projet d’émancipation, de façon à non seulement mieux saisir les ambitions politiques de nombre de psy* qui n’opposent pas leur pratique à une lutte politique, voire la conçoive au contraire comme liée à celle-ci, mais surtout pour penser de façon plus réaliste les liens entre l’individuel, comme le psychologique est conçu, et le collectif.

Ce panel veut constituer un lieu de débat de ces questions. Les contributions peuvent ainsi amener des positions historiographiques variées, pour autant qu’elles s’inscrivent dans cette interrogation du traitement du pouvoir psy* dans les travaux d’histoire des disciplines psychiques.

Les propositions de contributions (max. 3000 signes) sont à envoyer avant le 25 août, à <stephanie.pache@gmail.com>. 

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